Alioune Diagne, ou la mémoire juste des tirailleurs sénégalais

Numéro: 
48
Date: 
Août 2019
Année: 
2 019

Type de pub.:

Auteur: 
Jean-François Bayart
Résumé: 

Alioune Diagne, connu comme danseur et chorégraphe sénégalais, est aussi peintre. Il peint des visages de tirailleurs sénégalais, ceux-là mêmes qu’avait repris la publicité d’une marque jadis célèbre de cacao en poudre, devenue l’emblème de l’iconographie coloniale, et dénoncée comme tel. Mais, chez Alioune Diagne, leur visage est grave, distordu, effrayé, cassé. Il est celui de l’Histoire, dans toute son ambiguïté et surtout dans sa violence extrême. Il est aussi l’expression de ce « souvenir du présent », « fausse reconnaissance », mémoire cruelle et obsédante qu’a conceptualisée Bergson. Ce que nous montre la peinture d’Alioune Diagne, c’est la mémoire juste, une présence critique du passé, épurée de toute rancoeur, de toute haine, de toute colère, mais qui rappelle ce qui a été et n’aurait pas dû être.

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