Enjeux du présent au nom du passé : Qui peut parler de quoi ?
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Algeria: From One Revolution to the Other? The Metamorphosis of the State-Regime Complex
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Un récit dominant décrit la trajectoire postcoloniale algérienne comme une « révolution » qui a connu tour à tour le « Parti-État », le « péril islamiste », une « guerre civile » puis une « autocratie », la « crise » de cette dernière précipitant un « soulèvement populaire » provoquant la chute du « raïs » et imposant une « transition ». En rupture avec la doxa, cette étude établit que la domination politique, issue de la contre-révolution prétorienne des années 1950, s’appuie sur un complexe État-régime prétorien. La séquence historique qui s’ouvre avec le coup d'État militaire de janvier 1992 est moins une « guerre civile » qu’une violente néolibéralisation prétorienne, nécessitant la réinvention de la tradition de l’État-garnison comme « crime organisé ». Tirant un « enseignement stratégique » du succès de la gigantesque mobilisation orchestrée par la police politique égyptienne contre le président élu Mohamed Morsi en 2013, la puissante police secrète algérienne orchestre, canalise et encadre les manifestations de rue anti-Bouteflika V. Sous une apparente radicalité, ledit hirak contribue à figer le statu quo autoritaire : antipolitique, il opère un évitement structurel des conflits qui travaillent la domination néoprétorienne et néolibérale. Célébrant la fraternité avec l’armée, cette contre-révolution pacifique achève de renforcer la « mise en cage » du peuple.