Revue

N59 | 2023

Sociétés politiques comparées, 59, janvier-avril 2023

Varia

“Millions for the Movies” in Late Socialist Bulgaria:

Nadège Ragaru

The Political and Moral Economy of the Cinema Industry
Cet article propose une lecture du socialisme bulgare des années 1970-1980 à partir d’une analyse de l’histoire du cinéma réalisée à travers un travail dans les archives et des entretiens avec des acteurs du secteur ayant eu des responsabilités durant ces années. Il analyse son économie politique et son impact sur les expériences vécues des professionnels du cinéma pour mieux comprendre les formes de l’économie dirigée dans un pays socialiste et les façons dont les acteurs de ce secteur « faisaient avec » ces contraintes. Il analyse également son économie morale pour appréhender les processus de subjectivation à l’oeuvre malgré la propagande et la censure. Au final, l’article suggère que le contrôle était moins exercé par le haut, de façon centralisée et orchestrée, qu’il n’était fait de l’articulation de petites contraintes et de la contingence des situations. L’analyse développée contribue également à comprendre comment est advenue la fin du régime socialiste, moins par une rupture claire et brutale que par de petits changements, souvent imperceptibles mais qui ont fait émerger une nouvelle configuration politique.

Religion et révolution conservatrice en Afrique

Jean-François Bayart

Note de recherche
Les transformations politiques en Afrique sont comparables avec celles que connaissent différents pays de par le monde, tels que la Russie, l’Inde, Israël, la Turquie, le Brésil, la Pologne, les États-Unis. Elles relèvent d’un paradigme de la révolution conservatrice que l’on peut élaborer à partir de l’expérience historique de l’Europe de l’entre-deux-guerres. Dans ce cadre, la place politique de la religion procède moins de la foi que de la définition ethno-religieuse de la citoyenneté, concomitante du passage d’une domination impériale à une domination stato-nationale. La révolution conservatrice en Afrique met en forme une conscience du ressentiment que nourrit la mémoire traumatique de l’esclavage et de l’occupation coloniale, y compris par le biais de relations de sorcellerie au sein des familles.

Charivaria

« L’Algérie française », un crime presque parfait. Dispositifs et récits de la relaxe

Noureddine Amara

Ce texte est une version écrite et quelque peu complétée de la keynote lecture donnée lors de la XIIIe Rencontre européenne du FASOPO qui s’est tenue à Paris les 9 et 10 février 2023. Il développe une réflexion sur la reconnaissance des crimes de la colonisation à partir de divers textes présidentiels français dont les termes ou les citations sont mentionnés en italique, et propose une lecture critique de la politique des « petits pas » prônée par l’historien Benjamin Stora dans son rapport sur les questions mémorielles portant sur la colonisation et la guerre d’Algérie, remis au président de la République française le 20 janvier 2021. À travers une analyse au ras des textes de la reconnaissance française de certains des crimes coloniaux commis en Algérie, l’article souligne comment l’impératif de réconciliation entrave toute possibilité de justice pour ces crimes.

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