Enjeux du présent au nom du passé : Qui peut parler de quoi ?
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Les arbres de Gezi
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En détention provisoire pendant plus de quatre ans à la prison de Silivri, Osman Kavala a été condamné à la perpétuité sans possibilité de remise de peine le 25 avril 2022. Dans le texte qu’il nous propose ici, il remet en perspective son procès avec le mouvement de Gezi qui a fourni le mauvais prétexte de son inculpation. Son ode aux arbres est un hommage à la vie pacifiée et à l’État de droit. Au printemps 2013, Gezi avait rassemblé une foule considérable qui protestait contre la destruction d’un parc et son remplacement par un centre commercial emblématique de l’affairisme du gouvernement, sous couvert de partenariats public-privé. Le mouvement de contestation s’était étendu à l’ensemble du pays et avait ébranlé l’assise du pouvoir. Face à la violence de la répression et aux risques de dérapages, Osman Kavala avait tenté, avec un groupe d’autres acteurs de la société civile, une médiation entre les manifestants et Recep Tayyip Erdoğan. Témoin gênant de la perte de face de ce dernier, stigmatisé comme le « Soros turc », il est devenu à son corps défendant le symbole de cette Turquie « blanche » et libérale, occidentalisée et dépravée que vilipende dans ses discours le chef de l’État et qu’est censé vomir le bon peuple travailleur et authentique de la Turquie « noire » et anatolienne.