Le rôle des cartes d’identité permettant, pendant le génocide des Tutsi du Rwanda, d’identifier les cibles des massacres est bien connu. Cette utilisation des papiers s’inscrit dans la longue histoire de l’État documentaire rwandais. Dès les années 1930, les catégories Hutu, Tutsi et Twa furent inscrites sur les papiers, une pratique maintenue après l’indépendance parce qu’elle permettait, pour la république racialiste qu’était devenu le Rwanda, de contrôler les Tutsi et la place qu’ils occupaient dans la société et dans le système politique.